Daniel VAN DE VELDE
Sculptures and Installations
Alder / Aulne – Avignon
Trunk segmented and hollowed out / Tronc segmenté en bûches évidées – 7 and 9 m
Douglas Pine / Pin Douglas / Périgord
Trunk segmented and hollowed out / Tronc segmenté en bûches évidées – 4m 50
Sous le charme / Le Jardin d’Elie Var
Hornbeam trunk segmented and hollowed out / Tronc charme segmenté en bûches évidées – 6m90
Japanese red pine / Island of Shikoku Japan
Tronc évidé segmenté en bûches evidées – 5m54
Detail of inside of hollowed out trunk / Détail vue intérieure tronc évidé
On peut s’asseoir / Parc du Château Blacons (Drôme)
Hollowed out oak segments / Bûches de chêne évidées
Biography/Biographie
Exhibitions 2010 Jardins Beddington Fine Art Bargemon, Installations September : Residency domaine départemental de La Roche Jagu. Modulations de croissance : specific installations. Exhibition till April 2010. 2008 November : Arte Ecologico/Pasion y esperanza – exposition collective Caja de Arte – Buenos Aires 2007 20 October : Operation FIAC cinéma Projection of the film Continuum. Palais de Tokyo – Paris. 2006 September / November : Residency Exhibition Kair Kamiyama – Island of Shikoku – Japan. 2005 August : Le Charme de…Domaine départemental de La Roche Jagu. 2004 September : D’évidence – Paris Festival Ohneszene Les Voûtes Acoustic choreography : Comportements Sonores. 2003 August : Partage de l’Aulne Larodde – Puy de Dôme – Catalogue de groupe. 2002 November : Joint Exhibition – Geumgang Nature Art Project Geumgang – NSouth Corea. Group Catalogue. 2001 October : Installation of a sculpture Mozet. Belgium. |
Expositions 2010 Jardins Beddington Fine Art Bargemon, Installations Septembre : Résidence domaine départemental de La Roche Jagu. Modulations de croissance : 4 installations spécifiques. Exposition jusqu’en avril 2010. 2008 Novembre : Arte Ecologico/Pasion y esperanza – Exposition collective Caja de Arte – Buenos Aires 2007 20 octobre : Dans le cadre de l’opération FIAC cinéma Projection du film Continuum. Palais de Tokyo – Paris. 2006 Septembre / novembre : Résidence exposition Kair Kamiyama Ile de Shikoku – Japon. 2005 Août : Le Charme de…Domaine départemental de La Roche Jagu. 2004 Septembre : D’évidence – Paris Festival Ohneszene Les Voûtes Mise en espace acoustique : Comportements Sonores. 2003 Août : Partage de l’Aulne Larodde – Puy de Dôme – Catalogue de groupe. 2002 Novembre : Exposition collective – Geumgang Nature Art Project Geumgang – Corée du Sud. Catalogue de groupe. 2001 Octobre : Installation d’une œuvre Mozet. Belgique. Ateliers / workshops initiation à l’art environnemental : Belgique, France, Japon. |
Éloge du discontinu
Présence obsédante et pourtant légère, l’arbre dans l’œuvre de Daniel Van de Velde, semble s’être délesté de sa charge millénaire d’affects et de symboles, en même temps qu’il s’est vidé de sa substance ; ni totem, ni colonne – ou alors décollé du sol et tournoyante –, sa verticalité même remise en question, « l’axe de l’univers »(1) flotte désormais affranchi de toutes les anciennes cosmogonies. Tantôt suspendu à des filins au-dessus d’un sentier, tantôt posé, presque négligemment, entre une fourche d’arbre et un mur de jardin, parfois traversant obliquement en passe muraille, les cloisons et les toits, il est toujours travaillé dans le scrupuleux respect de sa forme initiale et néanmoins, de façon paradoxale, à l’encontre de toute idée d’enracinement. D’objet aux « vertus intégrantes »(2) , selon Bachelard « rassemblant les éléments et les énergies naturelles, occupant toujours la même place, celle du centre, et garant de la stabilité du monde, le voilà dématérialisé », et d’une certaine façon démystifié. Le plus souvent Daniel Van de Velde part d’une stère de bois. Mettant les bûches bout à bout, par tâtonnements successifs et par la lecture des écorces, des impacts, des cernes, il lui faut d’abord reconstituer au sol l’arbre sur toute sa longueur, retrouver sa courbure singulière, la façon dont le tronc se resserre dans la hauteur, l’enchaînement juste des sections. Qu’une seule bûche vienne à manquer et l’œuvre est impossible. Ensuite le cœur de chaque bille de bois, une fois retirés l’écorce, l’aubier est enlevé à la tronçonneuse et creusé à la gouge, en suivant le dessin de l’un des anneaux de croissance, du moins lorsque que ceux-ci sont apparents, de façon à préserver une épaisseur périphérique prédéterminée en nombre d’années (deux ou trois au minimum sont nécessaires, sans quoi la paroi serait trop fragile). Les cylindres creux ainsi obtenus, de contour régulier ou festonné selon les aléas de la croissance végétale, sont ensuite reliés par des vrilles de métal enfoncés dans le mince couche de bois, qui maintiennent ensemble les segments tout en ménageant entre eux un léger vide. « L’arbre, note Robert Dumas, détient le pouvoir de dialectiser la temporalité et l’éternité, la mobilité et le statique, la mort et la naissance»(3), et l’on sait la fascination éprouvée par nombre d’artistes pour la matérialisation de la durée que sont les cernes de la croissance. On ne citera que Dennis Oppenheim qui les reportait sur une surface enneigée dans un jeu savant sur le temps et, bien sûr, Giuseppe Penone, qui avec les Alberi exhumés dans la matière des poutres manufacturées, remontait le temps vers « l’enfance » de l’arbre. À l’opposé de ce dernier, Daniel Van de Velde ne conserve que la couche la plus récente du tronc, dont on sait qu’il vit et croit à la périphérie, et se défend, quant à lui, d’entrer dans un processus d’identification ou dans une quête de l’origine. Attaché à nier la densité autant que la continuité, il use du vide entre les tronçons comme du silence en musique ou du blanc sur une page écrite; ainsi s’opère le deuil d’une certaine idée de l’arbre ayant dominé toute la pensée occidentale, lui imposant selon Deleuze et Guattari, le principe d’unité supérieure, de centalité et d’enracinement(4). (1) Mircea Eliade, Traité d’histoire des religions, 1949 Payot. Colette Garraud, Extrait du catalogue ZONES IMPERTUBABLEMENT VISUELLES |
Elegy to the Discontinued
The obsessive but nevertheless airy presence of the tree in the work of Daniel Van de Velde seems to have removed the timeless weight of its affectiveness and symbology, just as it has had its substance extracted ; neither totem nor column – separated from its soil and floating – with even its verticality cast in doubt, the « axis of the universe » (1) henceforward floats free of its former cosmogenies. Sometimes suspended by wires above a path, sometimes placed, almost carelessly between the fork of a tree and a garden wall, at others obliquely penetrating a wall or a roof, the tree trunk is always worked scrupulously to preserve its initial form but, paradoxically, distanced from any idea of rooting. From object to « integrated virtues », says Bachelard (2), « grouping its elements and natural energies, always occupying the same space, in the centre ; and ensuring the stability of the world, hey presto it is dematerialised » and in a certain way de-mystified. Most often, Daniel Van de Velde’s starting point is a roundel of trunk, and, placing them end to end, and in turn rotating them, reading their bark, their indentations, their lines, he must first reconstitute the entire length of the tree trunk on the ground, re-establish its specific angulation, the precise sequence of the sections. Should a single roundel be missing, the artwork is impossible. Then the heart of each one, once the bark is stripped, is removed first by chainsaw, then chiselled out to follow the line of a specific age ring, if visible, so as to preserve a predetermined peripheral thickness by number of years’ growth ( less than two or three being too fragile to work with), the hollow cylinders so obtained, smooth or knobbly depending on their growth pattern, are then connected to eachother with thin metal bars so as to leave a slight gap between each. « The tree, noted, Robert Dumas, has the power to dialectise temporal and eternal, mobile and static, birth and death. » (3), and we cannot ignore the fascination felt by many artists for this manifestation of time through growth rings. Suffice it to quote Dennis Oppenheim who reproduced them on a snow-covered surface in a skilful work on temporality and, of course, Giuseppe Penone who, with the Alberis took manufactured beams to rewind the clock to the tree’s « infancy« . By contrast Daniel Van de Velde simply preserves the most recent layers of trunk, so we judge that he lives and believes in the periphery and forbids himself from any identifying process or search for origins. Turning his back on thickness and continuity, he develops the space between each segment as one might the silence in musical annotation or blank space on a page ; thus burying the rather fixed idea of the tree that has dominated Western thinking which imposes on it, according to Deleuze and Guattari, principles of a higher unity of centrality and rootedness.(4) (1) Mircea Eliade, Traité d’histoire de religions, 1949 Payot Colette Garraud, Extrait du catalogue ZONES IMPERTURBABLEMENT VISUELLES |